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Lara JoVentre
6 mai 2008

Haro sur les chômeurs

Source : http://olivierbonnet.canalblog.com/

Aujourd’hui, seuls 47,5% des chômeurs sont indemnisés, en moyenne à peine à 80% du SMIC, 30% à 40% percevant moins d'un demi-Smic*. C’est encore trop pour Sarkozy, qui annonce depuis longtemps vouloir durcir les sanctions à leur encontre. Cette volonté va se concrétiser à travers la loi qui devrait être présentée avant la fin de l’année 2008, après la conférence entre l’Etat et les partenaires sociaux. Celle-ci se tiendra le 6 mai et portera sur l'évolution du régime d'indemnisation du chômage, la fusion ANPE-Assedic et la réforme de la formation professionnelle. Deux projets gouvernementaux sont déjà connus : radier les chômeurs refusant deux «offres valables» et supprimer la dispense de recherche d’emploi pour les plus de 57 ans et demi (et les plus de 55 ans ayant accompli leurs 160 trimestres). Dans l’attente de la négociation avec les syndicats, les critères jusqu’ici retenus pour considérer une offre d’emploi comme valable sont définis par le Code du travail : «sont radiées de la liste des demandeurs d’emplois des personnes qui, sans motif légitime, refusent d’accepter un emploi compatible avec leurs spécialité ou leur formation antérieure, leurs possibilités de mobilité géographique compte tenu de leur situation personnelle et familiale, et rétribué à un taux de salaire normalement pratiqué dans la profession et la région». Actuellement, 1500 chômeurs 20_05_006sont ainsi déjà radiés chaque mois pour refus d’emploi, comme l’indique Christian Charpy, le directeur de l’ANPE. Sarkozy veut modifier la donne au bout de six mois de chômage. Les critères changeraient alors pour obliger les chômeurs à accepter tout emploi requérant moins de deux heures de transport par jour et rémunéré au moins 70% du salaire antérieur. La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, justifie cette mesure par le fait que l’absence de critères chiffrés laisserait trop de place à l’arbitraire. Les syndicats sont d’un tout autre avis : le recours ou non à la sanction «était laissé à l’appréciation des conseillers en fonction de la situation personnelle du demandeur d’emploi», observe Philippe Sabater, du SNU (FSU). Là, il va y avoir un effet mécanique. Or se voir forcé d’accepter deux heures de transports aller-retour, ce n’est pas la même chose si c’est pour un emploi à bas salaire ou pas». Ajoutons que la situation change du tout au tout suivant que le chômeur se trouve en zone rurale, avec le prix de l’essence qui explose, ou en zone urbaine bien desservie par les transports en commun. Sabater dénonce le fait que les chômeurs soient ainsi contraints d’accepter des emplois dégradés, ce qui pèsera une fois de plus sur le niveau des salaires proposés, pour le plus grand bénéfice patronal : «La contrainte sera telle qu’elle agira comme une onde de choc sur l’ensemble du marché de l’emploi», pronostique-t-il.

Quant aux seniors, rappelons que depuis 1985, ils conservent leurs droits à indemnisation sans devoir effectuer les démarches administratives exigées des autres chômeurs. Christine Lagarde, en supprimant leur dispense de recherche d’emploi, rejoint la position de… Laurence Parisot, la patronne du MEDEF. L'alignement sur les positions patronales est bien une constante sarkoziste, l’ordre venant évidemment d’en haut : le Président enjoignait Lagarde à la «suppression progressive de la dispense de recherche d'emploi pour les chômeurs seniors» dans la lettre de mission qu’il lui a adressée durant l’été 2007. Précisons que les 383 117 chômeurs concernés, selon le chiffre de l’UNEDIC à la fin 2007, ne sont pas visés, la mesure ne s’appliquant qu’aux nouveaux entrants dans cette catégorie. Il ne faudrait tout de même pas qu'ils viennent soudain gonfler les statistiques du chômage !
imagesLe secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez, déclarait pourtant pas plus tard que fin mars : «nous ne pouvons pas forcer les chômeurs âgés à chercher un emploi s’ils n’ont aucune chance d’en trouver». Et bien si, finalement : mi-avril, c’est ce qu’annonce vouloir faire sa ministre de tutelle. Or, si seuls 37% des plus de 55 ans français sont aujourd’hui en activité, c’est bien qu’on ne veut pas d’eux dans les entreprises, non qu’ils ne veulent plus travailler ! Mais la logique de Sarkozy est comme toujours de culpabiliser les catégories modestes, de jeter la suspicion, de les stigmatiser comme de sales profiteurs. On imagine à quoi aboutira la combinaison des deux mesures : des légions de chômeurs de plus de 57 ans et demi, coupables de refuser un emploi éloigné de leur domicile et proposé à un salaire ridicule, seront radiés et privés de leurs allocations. Et pendant qu’on persécute ainsi les exclus, on ne s’intéresse pas aux 40 milliards d’euros annuels que coûte à l’Etat la fraude fiscale.

* Source : Collectif Les autres chiffres du chômage, qui rassemble les associations et syndicats suivants : Agir ensemble contre le chômage (AC !), Mouvement National des Chômeurs et Précaires (MNCP), Réseau Stop Précarité, CGT-INSEE, Syndicat National Unifié de l’ANPE (SNU-ANPE) et SUD-ANPE.

Posté par Olivier Bonnet à 23:20 - Sarkoland - Commentaires [47] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

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