L'arrestation des enfants de sans papiers dans les écoles est-elle légitime selon le ministre de l'intérieur manuel valls ?
La question mérite en tout cas dêtre posée suite aux événements survenus la semaine dernière dans une école de Nîmes.
Le 6 mai, Khava Plieva, réfugiée tchétchène déboutée de sa demande d'asile était arrêtée et placée en rétention pour être expulsée vers la Pologne en application des accords dits /Dublin 2/.
Ses deux enfants étaient en classe, à lécole Gustave Courbet à Nîmes, l'un en maternelle, l'autre en primaire. La police téléphonait aux directeurs pour leur demander de retenir les enfants afin quils soient arrêtés après la sortie des élèves, sans doute pour ne pas procéder à leur interpellation sous les yeux des autres enfants et des parents.
Mais, un voisin, dûment autorisé par la mère des enfants, sest présenté et les a emmenés. Il faut se réjouir que lintérêt supérieur des enfants soit passé avant les considérations policières et quils naient pas attendu pour être emprisonnés avec leur mère. Arrivés avec deux voitures et un fourgon les policiers ont dû constater leur absence.
La préfecture du Gard a finalement reculé : Khava Plieva a été libérée après 48 heures de rétention, le 8 mai vers 21 h, une mesure prise « /dans lintérêt supérieur des enfants/ » assure le préfet. Une préoccupation étonnante de la part dun haut fonctionnaire qui venait d'emprisonner une mère et de tenter de faire arrêter ses enfants à la porte de lécole pour les enfermer avec elle avant de les expulser. Mère qui aujourdhui craint de ramener ses enfants à lécole par peur dune interpellation.
Sil sagit dune initiative malheureuse dun préfet, il faut que le ministre la condamne et annonce les mesures propres à empêcher qu'elle se reproduise. Ne pas le faire reviendrait à autoriser que lon arrête des enfants de sans-papiers dans les écoles, une pratique qui évoque de bien mauvais souvenirs. Rappelons que, quand il était Ministre de l'Intérieur M. Sarkozy avait tenté de systématiser le procédé.
Lindignation des enseignants, des parents délèves l'avait contraint à pratiquement y renoncer tout comme ses successeurs Hortefeux et Besson.
Les dernières opérations de police connues aux abords dune école, des faits isolés en réalité, datent du 1er décembre 2008, à Grenoble, puis du 7 janvier 2011 à Langeac (43).
La pratique de larrestation des enfants dans ou à la porte des écoles est inacceptable. La société civile ne l'a pas tolérée sous Nicolas Sarkozy. Ce nest pas plus acceptable aujourdhui.
Paris, le 16 mai 2013
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Organisations signataires :
FCPE, FSU, CGT Educaction, SNUIPP-FSU, Sud-Education
CIMADE, GISTI, LDH, MRAP, RESF*