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Lara JoVentre
27 octobre 2008

25 000 milliards de dollars sont-ils vraiment "partis en fumée" ? Non !

1 Ce samedi soir, Le Monde, un journal sérieux, barre sa une d'un titre moins sérieux : « 25 000 milliards de dollars évanouis ». L'article du Monde fait le bilan de la baisse des indices boursiers :

« Depuis le début de l'année, les grandes places boursières internationales ont perdu presque la moitié de leur capitalisation. Cela signifie qu'environ 25 000 milliards de dollars sont partis en fumée, soit près de deux fois le Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis. »

Cette expression, « dollars partis en fumée », n'est pas juste. Elle laisse entendre que de l'argent a été détruit, que la planète a vraiment perdu « deux fois le PIB des Etats-Unis ». Personne n'a pourtant brûlé 25 000 milliards de dollars ! Simplement, l'estimation de la valeur des actifs boursiers a baissé.

Si un peintre passe de mode, la valeur de ses tableaux, dans le monde entier, baisse certes, mais rien ne « part en fumée » : les tableaux sont toujours accrochés aux murs. De même, les usines, les bâtiments, les personnels des entreprises représentées par l'ensemble des actions cotées sont toujours là. Les actifs correspondant aux actions ne se sont pas « évanouis ».

Quel est l'impact, sur la vie réelle, d'une baisse de la valeur estimée d'un tableau ou d'une action boursière ? Il existe, mais il ne faut pas le surestimer. Si mon tableau vaut deux fois moins sur le marché de l'art, je me sens moins riche, et je prendrai peut-être moins de risques. Par ailleurs, si j'utilise le tableau comme gage pour emprunter une somme, celle-ci sera plus réduite... Idem pour des actions : si la valeur d'un portefeuille est amputée de 25%, les projets de son détenteur peuvent en être affectés.

Il ne faut pas accorder pour autant à la bourse plus d'importance qu'elle n'en a. Ces 25 000 milliards de dollars prétendument « partis en fumée », c'est un symptôme de la crise, ce n'en est pas le coeur. Le coeur de la crise, aujourd'hui, c'est le dysfonctionnement des banques, et la chute des prêts aux entreprises et aux particuliers.

Pourquoi, alors, les médias se focalisent-ils tant sur la baisse des actions ? L'économiste Alexandre Delaigue, qui anime le blog econoclaste, a rédigé récemment une note intéressante sur le sujet. « Dans la crise actuelle, les fluctuations des indices boursiers n'ont aucune conséquence, et ne traduisent que très médiocrement le degré de crise », constate-t-il. Une de ses hypothèses, c'est que les médias restent hantés par le souvenir de la crise de 29, qui a commencé par un krach boursier. « C'est oublier qu'il y a eu depuis 29 de nombreuses journées de baisse très forte des indices boursiers (en 87 par exemple) sans la moindre conséquence concrète », commente-t-il.

Enfin, lorsque les actions baissent, les vendeurs en souffrent, mais les acheteurs en profitent. Il y a des gagnants et des perdants.

On peut faire un parallèle avec le marché immobilier. Si les prix du mètre carré baissent, beaucoup de gens en profitent pour mieux se loger. C'est en réalité une bonne nouvelle pour la société dans son ensemble, même si les propriétaires « se sentent moins riches ». Et dans une telle situation, il ne viendrait à l'idée de personne de s'alarmer du fait que « des milliards sont partis en fumée ».

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Lara JoVentre
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