A ceux qui ont un cerveau...
Oui, je m’adresse ainsi aux supporters d’Orelsan, puisque d’après vous, nous, ses (vieux) détracteurs réagissons de façon épidermique à ses chansons sublimes qui stigmatisent le mal être des jeunes.
Avez-vous seulement écouté les textes, ou vous êtes vous arrêtés à « la peur de l’échec », dans laquelle il n’y a « que » des promesses de suicide ?
Pensez vous vraiment que faire dans deux chansons une allusion aux circonstances du décès de Marie Trintignant est une preuve de délicatesse ou le gage d’une valeur artistique ?
Etes-vous persuadés que votre fille sera femme à 13 ans, n’espérez-vous pas pour elle une relation saine et épanouie avec un compagnon respectueux de son statut d’humain ?
Ou serez vous de ceux qui l’accueilleront avec un « tu l’as bien cherché » lorsqu’elle arrivera chez vous couverte de bleus ?
Je m’adresse à ceux qui pensent que « gare aux cons » est une chanson misandre.
Chanson dans laquelle la plus grosse insulte de Koxie est « Alphonse avec sa tête de gland », et se termine par « viens faire un bisou à tata », C’est ça un texte violent ?
Non, sérieux, vous le pensez vraiment ? Ah, à moins que ce texte soit à prendre au premier degré alors qu’il y a du 50 ° degré dans « j’vais t’avorter à l’opinel » ?
Bravo pour votre sens de la critique et votre absence d’autocritique.
Je m’adresse à ceux qui pensent qu’il est tout à fait légitime de vouloir torturer violer et tuer une femme qui vous trompe avec pour argument « ben ouais, elle l’a trompé quand même ».
Haïr une personne au point de vouloir la tuer, être exaspéré une seconde à vouloir blesser, oui, pourquoi pas, tout le monde l’a vécu.
Mais allons-nous coucher sur le papier ces horreurs, allons-nous élaborer un texte, une musique qui lui correspond, un clip, le balancer sur Internet et laisser traîner pendant deux ans, visible par tous, ce qui est la colère d’un moment ?
Et lorsque l’on s’aperçoit que le texte choque, blesse, ne peut-on pas dire, « j’ai fait une erreur, je retire ce clip » au lieu de présenter des excuses bidon en disant « je suis désolé » ?
Avez-vous vu le clip de Lester Bilal ? « Pour le meilleur et pour le pire » ? Il parle de violence conjugales, avec des mots simples, sans rien épargner de la spirale de la violence, sans rien cacher, et il ne blesse personne, son texte n’est pas insoutenable… mais peut-être qu’entendre « je suis le seul responsable » est trop ignoble pour vous.
Je m’adresse à ceux qui pensent qu’on s’acharne sur lui, qu’il ne mérite pas ça, qu’il y a déjà eu des textes aussi révulsants que les siens, et que, pour cette raison nous aurions du nous taire.
Sauf que ces groupes dont il est question ne passent pas dans les festivals culturels, n’assument pas leur colère machiste en prétextant que c’est une licence poétique. Ceux qui se sont exprimés à ce sujet n’ont pas été dupes un instant.
Je m’adresse à ceux qui sont persuadés que nous lui avons fait un bon coup de pub au p’tit gars avec notre incompréhension du second degré.
A l’heure où trois concerts sont annulés, et où certaines enseignes pensent à retirer le CD des bacs, j’en doute fort… un sacré manque à gagner pour la maison de disque qui va bien avoir du mal à rester sur sa ligne de défense foireuse de la fiction- création artistique.
Je m’adresse à ceux qui prétendent qu’il a présenté des excuses, qu’il est désolé et que ça suffit bien.
Quoi, être désolé, ça suffit, pas une once de regret, de remise en question ? Il assume complètement « Sale pute » et « Saint Valentin »…
Ah non, c’est un peu court jeune homme.
Je m’adresse à ceux qui prétendent que la violence dans la musique, et de surcroît celle faite aux femmes a sa place dans une manifestation culturelle.
Et je leur réponds NON !
Il est simplement hors de question que mes impôts financent ça.
Pour en finir, allez réécouter « ne me quitte pas » à moins que vous ne l’ayez jamais entendue.
Kokolat.
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