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Lara JoVentre
2 avril 2009

Mail

Je viens de recevoir un mail de Madame Morin Dessailly, sénatrice de Seine Marîtime. Voici copie de ma réponse, puis son mail et les pièces jointes :

Je vous remercie Madame de votre action, toutefois vous me voyez désolée que le gouvernement dans son ensemble ne tape pas plus fort sur la table pour dire NON ce chanteur ne peut pas se voir offrir une telle tribune au Printemps de Bourges au regard de ce qu'il chante dans ses autres titres qui eux seront bien chantés au Printemps de Bourges. Exemples puisque c'est sur la base de son dernier album qu'il se produira au Printemps de Bourges :

-  Chanson "j'aime pas la St Valentin" : "Tais-toi où tu vas t'faire maritrintigner"
-Chanson "Différent" : "Renseigne toi sur les pansements et les poussettes J'peux t'faire un enfant et te casser l'nez sur un coup de tête Poulette pourquoi tu veux pas sortir avec moi ?"
-Chanson "Changement" : "Maintenant les meufs portent du Vuitton, des grosses lunettes dorées Avant c'était qu'pour les vieilles putes blondes décolorées Les gars s'habillent comme des meufs et les meufs comme des chiennes Elles kiffent les mecs effeminés comme si elles étaient lesbiennes"
-Chanson "Etoiles invisibles" : "C'est pas en insultant les meufs dans mes refrains Que je deviendrais quelqu'un mais j'aime bien Donc lève le majeur ou lève les mains"
-Chanson "courrez courrez" : "Petite, essaie pas de me fréquenter, ou tu va perdre ton pucelage avant d'avoir perdu tes dents de lait. J'ai toujours été une victime mais j'vais me venger"
C'est pour moi intolérable ! D'autres festivals, aussi honorifiquement connus ont décidé au vu des paroles que je vous cite de le déprogrammer ! Ce n'est pas possible qu'on l'autorise à chanter ces horreurs ! Les droits, la dignité des femmes doivent être respectés !

Cordialement

Moi (de mon vrai nom)

Le mail de Mme Morin Dessailly :

Bonjour,

Vous trouverez ci-joint le communiqué de presse que Madame Morin Desailly a co-signé avec deux représentantes d'associations de Seine-Maritime oeuvrant en faveur des femmes.
Nous vous adressons par ailleurs l'intervention qu'elle a faite lors du débat sur la politique de lutte contre les violences faites aux femmes qui s'est tenu au sénat il y a 15 jours.


Vous en souhaitant bonne réception,

Le bureau parlementaire

Les pièces jointes :

Rouen, le 1er avril 2009

Communiqué de presse

Non à l’incitation à la violence à l’égard des femmes !

Catherine Morin Desailly, Sénatrice,  Vice-présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes au Sénat, et Vice-présidente du groupe d’études sénatorial sur les droits de l’homme, Fatiha Boyer, présidente du Comité  Ni putes ni soumises de Seine-Maritime et Anne-Marie Cardon, présidente de Ni victimes, ni battues tiennent à faire part de leur profonde indignation à la lecture de la chanson « Sale pute » du rappeur Orelsan.

Alors que la journée de la femme vient d’être célébrée le 8 mars dernier, qu’un débat a eu lieu il y a 15 jours au Sénat sur la politique de lutte contre les violences faites aux femmes en présence de Mme Létard, Secrétaire d’Etat à la solidarité et à la parité, auquel Catherine Morin-Desailly a participé avec plusieurs de ses collègues, elles condamnent fermement cette chanson dont les propos, misogynes, sexistes, humiliants et dégradants sont une incitation à la haine et à la violence à l’égard des femmes. Valérie Létard a d’ailleurs demandé à la justice d'examiner dans quelles conditions des suites judiciaires peuvent être engagées.

Si Internet est un formidable espace de liberté et de création artistique, il ne peut autoriser que soient diffusés des propose attentatoires à la dignité humaine, qu’ils soient racistes ou sexistes. A l’heure où l’ont sait qu’une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon, que les clichés et stéréotypes véhiculés sur les femmes perdurent et que plus que jamais la prévention et l’éducation sont absolument essentielles, on ne peut qu’être consterné et indigné par les propos de ce chanteur qui dans une autre chanson « Saint Valentin » menace sa copine de la « marie-trintigner ». Ces événements viennent conforter la réflexion lancée par Catherine Morin-Desailly, qui rappelant les chiffres de la mission Reiser sur l’image de la femme dans les médias, évoquait le nécessaire travail à mener sur ce que pourrait être un CSA de l’Internet.

Catherine Morin-Desailly, Fatiha Boyer et Anne-Marie Cardon ont décidé de s’associer pour écrire à Christine Albanel, Ministre de la Culture et au Directeur du Festival de Bourges, Daniel Colling, qui a programmé cet artiste, afin d’avoir la garantie que cette chanson ne serait pas diffusée. La direction du Festival qui débute le 25 avril prochain a en effet décidé de maintenir au nom d’un choix artistique, indiquant avoir « engagé ce jeune artiste pour une prestation artistique qui, comme son album, n'inclut pas cette chanson et ne véhicule pas ce type de message. »

A l’heure où la politique de lutte contre les violences faites aux femmes a reçu le label « Campagne d’intérêt général » pour  2009, qui peut tolérer, sous couvert du respect de la liberté et de la création artistique, que Catherine Morin-Desailly en tant que vice-présidente de la commission des affaires culturelles du Sénat et vice-présidente du groupe d’études sur la musique et la chanson française a toujours défendues, que de tels propos soient tenus ?

Seconde pièce jointe :

Question orale sur la politique de lutte contre les violences faites aux femmes

Jeudi 19 mars

Intervention de Catherine Morin-Desailly

Sénatrice de la Seine Maritime

Monsieur le Président,

Madame la Ministre,

Madame la Présidente,

Mes chers collègues,

Depuis le temps où Valéry Giscard d’Estaing a nommé Françoise Giroud première secrétaire d’Etat à la condition féminine, les politiques menées en faveur des femmes se sont largement développées afin de défendre leurs droits et promouvoir l’égalité entre hommes et femmes. Bien sûr dans les années 70, la question des violences subies par les femmes n’avait pas l’acuité qu’elle a aujourd’hui sans doute était-elle plus cachée, plus tue, plus taboue.

L’ampleur du phénomène, qui n’est pas un fait divers et qui ne doit pas être une fatalité, est maintenant pleinement prise en compte par les pouvoirs publics. Je me réjouis d’ailleurs que cette cause ait reçu le label « Campagne d’intérêt général » pour l’année 2009.  Nous savons également le rôle absolument fondamental joué par les associations en ce domaine et le travail qu’elles accomplissent.

De nombreuses mesures et dispositions ont été adoptées depuis quelques années et notamment des plans globaux. Le premier a donné lieu à une évaluation remise au Gouvernement en juillet 2008, évaluation dont il a été tenu compte pour améliorer le 2ème plan que vous avez lancé à l’automne dernier, Mme Ministre, accompagné d’une large campagne de communication rénovée et percutante.

Un certain nombre de lois ont pris en compte cette réalité et notamment celle du 4 avril 2006 renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple ou commises contre les mineurs. Je me réjouis que le rapport prévu par l’article 13 de cette loi soit disponible afin que nous puissions, -et cela s’inscrit pleinement dans le renforcement des droits et des prérogatives du Parlement, notamment dans son rôle de contrôle et d’évaluation des politiques publiques tel qu’issu de la révision de la Constitution de juillet dernier-, avoir des éléments sur l’application de cette loi et les points à améliorer. 

Au-delà de l’ensemble de ces dispositifs, je voudrais insister sur quelques points qui doivent constituer, me semble-t-il, le cœur de la politique de lutte contre les violences subies par les femmes.

D’une part, la nécessité de développer et privilégier une approche transversale et globale, seule capable de permettre une lutte efficace contre ce fléau. Cela implique de traiter l’ensemble des thématiques de façon articulée : prévention, éducation, information et sensibilisation, répression et suivi des auteurs, accompagnement et réinsertion des victimes. Il m’a été rapporté du milieu associatif que la prise en charge et le suivi des hommes violents est un aspect insuffisamment pris en compte par les pouvoirs publics. Or si 1 femme sur 10 est violentée, combien d’hommes sont alors violents…

Par ailleurs cela implique une coordination de l’ensemble des intervenants : gendarmerie, police, hôpital, justice, travailleurs sociaux, éducation nationale…Le 2nd plan triennal va dans ce sens et repose sur une démarche interministérielle. Toutefois nous savons -et les témoignages des femmes qui ont franchi le pas l’attestent- que le volet social et le suivi des victimes est encore insuffisant. Or ces femmes doivent pouvoir être sûres qu’elles auront les chances et les moyens d’être autonomes pour trouver la force de dire « Stop, ça suffit ! ». Etre sûres que le chemin vers l’indépendance et la liberté ne sera pas entravé par des obstacles insurmontables.

Cette démarche transversale, que vous avez initiée, Madame la Ministre, est essentielle. Je pense qu’elle mériterait d’être développée dans les territoires et qu’il nous revient aussi à nous élus locaux de la mettre en œuvre à notre échelle et d’inciter tous nos collègues dont nous sommes les représentants au Sénat à s’inscrire dans cette démarche.

Le deuxième point sur lequel je voulais revenir est donc l’importance des moyens et des structures. Si un corpus juridique doit être élaboré afin de donner un cadre à ce combat, il restera lettre morte si des moyens et des structures en nombre suffisant ne sont pas mis en place. Et il faut faire vite, le temps presse. Nous avons toutes et tous en tête ce chiffre terriblement effrayant : une femme meurt tous les trois jours des suites de ces violences. Et les violences contre les femmes progressent plus que l’ensemble des violences commises contre les personnes. Le rapport d’évaluation du 1er plan a pointé ce manque de structures et de moyens, garanties préalables pourtant indispensables pour que les femmes victimes de violence franchissent le pas.

Des progrès législatifs majeurs ont été accomplis ces dernières années et le cadre législatif français est assez complet. Le rapport ne préconise d’ailleurs pas l’adoption d’une loi cadre comme il en existe en Espagne, par exemple, mais j’aimerais avoir votre point de vue là-dessus, Madame la Ministre. Développer les structures, se donner les moyens, changer les mentalités afin que les comportements de ces hommes violents et aider les victimes : voilà l’impératif auquel nous devons nous atteler. En un mot agir, et je sais, Madame la Ministre, que vous partagez pleinement cet objectif.

Pour changer les comportements des hommes et faire comprendre aux femmes que la violence qu’elle soit physique ou psychologique, n’est ni normale ni acceptable, je crois beaucoup en l’éducation et la sensibilisation dès le plus jeune âge, des filles mais surtout des garçons. Je regrette que la sensibilisation soit principalement faite à destination des filles et des femmes, ce qui les place toujours en situation de victimes et coupables. Il me semble essentiel qu’un effort très particulier soit fait à destination des garçons. Ainsi, Madame la Ministre, ne pourrait-on pas concevoir pour les garçons un livre similaire à celui que recevront toutes les jeunes filles de 18 ans lors des journées d'appel de préparation à la défense ? Par ailleurs il ne faudrait pas oublier les petites filles de 6, 8, 10 ans, victimes de viol commis au sein de leur famille et qui porte ce poids toute leur vie.

Les stéréotypes, les clichés, les images ou propos sexistes sont intériorisés très tôt parce que largement diffusés, de façon consciente ou inconsciente d’ailleurs. Les équipes éducatives doivent faire comprendre aux enfants que filles et garçons sont égaux et leur inculquer le respect de l’autre, quelque soit son sexe. Mais face au poids des médias et d’Internet, leur tâche est lourde. C’est pourquoi cette politique de lutte contre les violences doit être menée de pair avec une lutte contre les stéréotypes et clichés, véhiculés notamment au travers des médias. En tant que rapporteur du projet de loi sur l’audiovisuel public, j’ai évoqué cette question lors de notre débat. J’espère que, fort de son nouveau cahier des charges, le service public de l’audiovisuel qui doit être exemplaire dans ce domaine, sera attentif à cette question de la représentation des femmes. Si des représentations stéréotypées perdurent dans les médias, plus inquiétant encore est ce qui se passe sur Internet. Les jeunes, surfant des heures et sans barrière, sont confrontés à ces représentations déconnectées de la réalité qu’ils considèrent alors comme vraies, à des images dégradantes et humiliantes qui banalisent la violence sur toutes ses femmes. Comment peuvent être ensuite respectées les femmes ? Aussi, l’accompagnement des jeunes dans le monde numérique, qui offre aussi par ailleurs de formidables possibilités doit-il être envisagé très sérieusement, ce à quoi notre commission des affaires culturelles réfléchit. Il faudrait un « CSA » de l’internet qui permette de veiller au bon usage de la toile, un usage respectant la dignité humaine.

Mme Reiser vous a remis, Mme la Ministre,  en septembre dernier un rapport sur l’image des femmes dans les médias dans lequel elle parle « d’invisibles barrières bloquantes pour les femmes et les jeunes filles françaises qui ont un rôle à jouer dans la société ». Connaissant votre forte implication sur cette question, pourriez-vous nous préciser, Madame la Ministre, quelles suites vous comptez donner à ce rapport ? 

Célébrer des journées comme celle du 8 mars, journée internationale des femmes, du 25 novembre,  contre les violences faites aux femmes, c’est indispensable pour alerter chaque année l’opinion publique. Mais je rêve, comme sans doute tous et toutes, du jour où nous n’aurons plus à célébrer ces journées parce que les droits et le respect des femmes seront pleinement acquis partout dans le monde. Et je rêve que ce jour arrive vite, très vite…En attendant, j’ai une pensée pour cette petite fille brésilienne violée par son père et dont la mère a été excommuniée suite à l’avortement de sa fille. Que de souffrances qui auraient pu, qui auraient pu être évitées. La France, pays des droits de l’Homme, Homme avec un grand H, a aussi un rôle à remplir pour faire avancer cette question sans frontière -la violence faite aux femmes, violence physique, violence psychologique et morale- et doit, au niveau de chaque instance internationale, jouer de toute son influence.

Je vous remercie de votre attention et des réponses que vous voudrez bien nous apporter, Madame la Ministre, au terme de ce débat.

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Commentaires
R
J'aime bcp le communiqué de Catherine Morin-Desailly qui prône la prévention chez les garçons. Belle prise de conscience car sans un travail de fond à destination des garçons les choses ne changeront pas. Gros travail en perspective mais indispensable pour que les garçons prennent conscience des problèmes de violences faites aux femmes. C'est même une question de bon sens.
Lara JoVentre
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