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Lara JoVentre
4 octobre 2012

Dosta !



   Source : http://blogs.mediapart.fr/edition/roms-et-qui-dautre/article/190912/dosta

19 septembre 2012 Par Les invités de Mediapart

« Dosta ! », ou « ça suffit » en langue romani: « un moratoire s'impose » sur les explusions de Roms, estiment Jean-Pierre Dacheux et Philippe Goossens, auteurs de livres sur les Roms, indignés de la politique menée par le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, « pire » que celle de ses prédécesseurs.

Ahurissant, incompréhensible, insupportable, choquant ! L’indignation est telle que les mots manquent et restent bloqués, comme embouteillés par tant de mensonges, de manipulations, d’hypocrisie.

La politique du nouveau gouvernement de la France, à l'encontre des Roms, prolonge celle de son prédécesseur. En pire.

Nous disons en pire parce que, du gouvernement Sarkozy-Fillon-Guéant, nous n'attendions et n'espérions rien, alors que du gouvernement Hollande-Ayrault-Valls, nous attendions et espérions un “ changement ” qui, dès les premiers mois, dans les actes, non seulement ne s'est pas produit, mais qui a relancé la chasse au Roms.

Abrité derrière un paravent d'apparentes bonnes intentions, le ministre de l'intérieur tente de tromper l'opinion publique. En vérité, les promesses du candidat Hollande, comme les annonces des circulaires interministérielles d'août 2012, sont bafouées et les démantèlements de campements, sans solutions de relogement, se sont multipliés. Les mauvaises habitudes acquises par l'administration et la police ont fait le reste et de nombreuses familles sont à la rue.

La brutalité des faits est là : plus de 3 000 Roms évacués de force de leurs misérables bidonvilles dans lesquels ils étaient obligés de s’entasser. Pour aller où ? Juste à côté, mais « pas chez nous ».

Le camp de Sucy-en-Brie comptait, en novembre 2011, environ 80 personnes. Elles se sont retrouvées, au mois de septembre 2012, à plus de 800, réfugiées après les nombreuses expulsions de campements des départements voisins. Elles avaient été envoyées là par les gendarmes qui les expulsaient ou pour suivre la rumeur. Ce camp représentait-il une menace ? Il était, certes, la plus grande concentration de Roms en Ile-de-France. Son évacuation a eu lieu le 13 septembre 2012.

L'attitude actuelle de la France, et notamment celle de son ministre de l'intérieur, amène à se poser un certain nombre de questions. La contradiction entre les intentions affichées dans la Circulaire interministérielle du 26 août 2012 (4) (certes à nos yeux insuffisante, mais contenant de nouvelles mises en perspective) et les pratiques constatées, chaque jour et en tous lieux, oblige à se demander si Manuel Valls fait cavalier seul, s'il est devenu, très vite, un « électron politique libre », et s'il a autorité sur ses collègues pour les amener ainsi à le suivre dans sa politique du bouc émissaire.

Car il faut aller jusque là puisque, de nouveau, on recourt à la stigmatisation des misérables, à cette politique du bouc émissaire. Que ce soit le fait du seul ministre Valls ou de tous les ministres qui l'approuvent, le supportent, voire le craignent..., il s'agit, actuellement, de mettre sciemment la charrue avant les bœufs, autrement dit, il faut, avant toute chose, chasser ces « gens » (qui ne sont même pas « du voyage ») de lieux où ils n'ont rien à faire. Ensuite, peut- être, se souciera-t-on de les loger, de les soigner, de les employer, de les scolariser... Va-t-on devoir créer un corps de fonctionnaires nouveaux, chargés de partir à la recherche de ceux sur lesquels on n'a pas eu le temps d'exercer notre sollicitude, maintenant qu'ils ont fui une répression nouvelle et inattendue...

Les Roms se réfugient sur des terrains inoccupés, sans aucune infrastructure sanitaire : il n’y a pas d’eau et pas de toilette. Les immondices s’accumulent car il n’y a pas de ramassage des déchets. Très vite, les rats commencent à pulluler et les ordures s’amoncellent. Ces endroits deviennent rapidement insalubres et les responsables de cette situation, c’est-à-dire les communes, le reprochent aux habitants des bidonvilles.

Dans le quotidien Libération, on a pu lire : « Comme lors des précédents démantèlements estivaux, Manuel Valls a qualifié d’“insupportable” la situation sanitaire du bidonville d'Évry. Francis Chouat, le maire PS d’Evry, redoutait notamment la proximité de la voie ferrée avec un lieu rempli d’enfants (c’est faux, car le lieu était protégé par des grillages, -note des auteurs-), ainsi que les risques d’incendie liés à l’usage de bonbonnes de gaz dans une zone boisée. Il a donc sollicité le préfet, qui lui a délivré son feu vert en application des consignes émanant de la Place Beauvau. » Le camp fut expulsé le 29 août 2012, sans aucune proposition alternative crédible, sans attendre, le lendemain, un jugement du tribunal des référés d’Evry qui allait, du reste, donner tort à la mairie. Deux familles furent relogées dans un hôtel pendant deux jours.

Et que fait-on, en d'autres lieux encore ? On expulse les familles sans se soucier de savoir ce qu’elles deviennent, sans même prendre en compte les efforts qu’elles font pour trouver une vie meilleure parmi nous.

Les enfants qu'on avait péniblement réussi à inscrire à l’école sont, eux aussi, chassés ; on les perd, et la course d’obstacles pour les réinscrire dans la commune d’à côté recommence. La scolarisation, obligatoire, un des éléments essentiels d’une insertion réussie, est abandonnée. Les enfants, mis en difficulté scolaire, risquent immédiatement le décrochage. Il leur faut souvent faire preuve d’un grand courage pour fréquenter les établissements scolaires tout en vivant dans des conditions d’extrême précarité, mais quand, en plus, on les traumatise, on les chasse, on les rejette, comment réussir une scolarité ?

Dans son rapport intitulé Parias, les Rroms de France, Médecins du Monde, en 2011, notait déjà que « les membres de cette communauté vivent dans un climat de peur, alimentée par des intimidations répétées, des procédures administratives de reconduites à la frontière irrégulières, des gardes à vue non justifiées et des contrôles systématiques de papiers ». Dans ce même rapport, Médecins du Monde dénonçait les conditions de vie pathogènes : « L’absence d’eau potable, de toilettes et de ramassage des déchets sur la majeure partie des terrains engendre des problèmes d’hygiène avec des pathologies dermatologiques et digestives potentiellement graves (dermatoses infectieuses, surinfections de plaies, parasitoses intestinales, diarrhées...). »

Rien n'a changé. En dispersant les familles roms, on les laisse sans soins, continuer à être malades et parfois mourir. Nous avons connu une femme souffrant d’une très grave maladie cardiaque (le médecin ne comprenait pas comment elle était encore en vie et voulait l’hospitaliser immédiatement) qui revendait ses médicaments pour nourrir ses enfants. Laissée à l’abandon, elle est décédée des suites de sa maladie.

De tels comportements sont ignobles, et devraient être condamnés par la justice pour non-assistance à personne en danger, mise en danger de mineurs, propos racistes, et autres manquements élémentaires au respect des droits de l’Homme.

Une fausse politique sécuritaire

Quelle menace représente cette communauté, comparée à la menace des mafias de la drogue et de la finance ? C’est peut-être pour cette raison qu’on s'en prend si facilement aux Roms : ils ne menacent en fait personne. Ils ne menacent que nos consciences. Ils sont pauvres, déjà rejetés dans le pays qu’ils fuient, et si parfois ils importunent, ils ne s'en prennent pas aux personnes.

Avec le trafic de métaux, oui, ils essayent de survivre... Il est étonnant que ce commerce ne soit pas reconnu et développé à plus grande échelle.

Ils usent de combines pour gagner quelque argent...? Oui, une population rejetée, poussée dans l’extrême précarité, aura toujours recours à tous les moyens possibles de survie même s’ils sont parfois illicites.

Et pourtant, nous constatons peu de prostitution, et pas de drogue. Ce fait notable est à signaler. La gangrène de la drogue ne touche guère les Roms. Il faut souligner ce comportement et le comparer à ce qui se passe dans d'autres zones de misère, dans les banlieues de plusieurs grandes villes (qui n'entend tout le tumulte fait autour des graves événements de Marseille-Nord ?).

Il faut avoir été témoin d'une évacuation de campement, avoir vu cent cinquante gendarmes débarqués pour évacuer une centaine de Roms, dont plus de la moitié de femmes, et d'enfants souvent en bas âge. Ils sont harnachés de boucliers, de casques, de matraques, tels des “ robocops ”. Ils arrivent dans des dizaines de petits bus, comme s'ils allaient avoir à faire face à une multitude de révoltés qui vont les accueillir à coups de pierres. Les gendarmes trouvent alors des gens soumis, dignes, qui les invitent à partager leur petit-déjeuner avant de partir et de voir leurs cabanes détruites par les tractopelles, des gens qui les respectent. Mais les gendarmes « obéissent » et ignorent la honte.

Est-ce une politique sécuritaire que celle qui consiste à mettre des gens dans des charters après avoir « offert » 300 euros par adulte, 100 euros par enfant, après avoir payé le billet d’avion et 20 kg de bagages, afin qu’ils montent dans l’avion sans rien dire ? Un charter par mois, de 240 personnes, est parti de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, depuis le mois de juin 2012. « Il y aura sans doute avant la fin du mois de septembre, 7000 Roumains ou Bulgares qui ont été reconduits, à travers le système d'aide au retour », a affirmé le ministre de l'intérieur le 11 septembre sur BFMTV, reconnaissant toutefois qu'il y en avait « d'autres qui sont arrivés ». Une telle politique sécuritaire, si chère, est du pur gaspillage. « “ C'est juste de l'argent pour les vacances, de l'argent perdu pour le gouvernement français” , a encore déclaré jeudi Danut Dumitru, coordinateur du Fonds d'éducation pour les Roms (REF), un fonds opérant en Roumanie » (le Nouvel Observateur). Ces éloignements par charters (ce qu'on pensait ne jamais revoir en France !) de personnes soit disant candidates au retour volontaire n'aboutiront à rien et, comme par le passé, le plus grand nombre des intéressés reviendront. M. Valls a été obligé de reconnaître « les effets pervers » des aides au retour et envisage la réforme de cette politique. Il entend montrer que, lui, il n'est pas un socialiste laxiste, et tant pis si sa politique donquichottesque fauche l'air en vain (mais non sans brutaliser les Roms) !

Les Roms, une menace pour l’emploi ?

Ils sont environ 15 000, en France, chiffre constant depuis 10 ans, ce qui représente 3 000 personnes susceptibles de trouver un emploi. Ce nombre risque-t-il de perturber un marché du travail comptant 3 millions de chômeurs ?

Mais pourquoi ne travaillent-ils pas ? Les Roms venant de Roumanie et de Bulgarie ne peuvent pas travailler en France. Ils sont soumis à une bizarrerie européenne : ils peuvent circuler librement en Europe mais ne peuvent pas y travailler librement selon les fameuses « mesures transitoires », initiées lors de l’accession de ces pays à l’Union européenne, et devant perdurer jusqu’au 1er janvier 2014. La France a certes, récemment, supprimé l’impôt dû à l'OFII, accompagnant l’obtention d’une autorisation de travail, mais sans supprimer les démarches administratives qui y étaient liées ! Voilà un nouvel exemple d’hypocrisie car l'on sait très bien que ces démarches représentent un obstacle insurmontable pour les Roms.

Si on les laissait libres de venir, serions-nous envahis ? La Commission européenne a étudié cette possibilité et en avait informé les États, dès 2008. Sa conclusion était formelle : « Une nouvelle poussée de la mobilité de la main-d’œuvre en provenance des nouveaux États membres paraît improbable ». Cette théorie de l’appel d’air est tout simplement fausse.

Mais pourquoi, alors, des Roms viennent-ils en France ? La réponse apparaît très clairement dans une étude faite par l’Agence européenne des droits fondamentaux : « La pauvreté et le racisme constituent les facteurs d’impulsion dans les pays d’origine. Le chômage est un aspect évident de l’expérience de la pauvreté dans les pays de départ. Parmi les facteurs d’attraction, le désir de trouver des conditions de vie meilleures, notamment l’espoir de trouver du travail aussi bien dans l’économie officielle qu’informelle ». Voilà qui est bien simple : ils sont poussés à émigrer par la misère et la discrimination dans leur pays d’origine. Mais l’étude n’est pas tendre non plus avec les pays d’accueil : « Les réactions à l’arrivée de Roms européens sont souvent négatives et il y a peu d’efforts pour soutenir leur intégration dans le marché du travail. De plus, l’étude a identifié des mesures explicitement anti-Roms dans les pays étudiés ».

Bref, ils sont chassés de chez eux, puis pourchassés et rejetés par les pays d’accueil.

Les Roms peuvent-ils se tourner vers les institutions européennes ? Non, car elles sont d’une inefficacité totale, d’une lourdeur infinie, et tellement bureaucratiques que la grande majorité des fonds disponibles peut être aisément détournée de ses buts par des mafias organisées et sans scrupules.

Les institutions européennes sont, de surcroît, timorées, craignent les États membres et hésitent à faire respecter les traités. Le plan dit « d’intégration » des Roms, lancé par la Commission, risque d’être voué à l’échec. Il demande aux États de définir des stratégies nationales dans les domaines de la scolarisation, de l’emploi, de l’accès à la santé et au logement. Mais comment s’occuper de ces droits sociaux quand les droits fondamentaux sont bafoués, si les Roms sont chassés et expulsés partout ? Il n'y a, actuellement, hélas, pas grand chose à attendre de ces institutions européennes.

Qu'en est-il des États membres autres que la France ? C’est la même chose et parfois pire. Les Roms kosovars se font expulser d’Allemagne, alors qu’ils s’y étaient réfugiés, il y a vingt ans. Un charter par mois les renvoie au Kosovo où ils ne possèdent plus rien et où ils restent menacés. En Italie, en Espagne, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Roumanie, en Bulgarie, en Serbie, partout, ils se font expulser. Les campements dans lesquels ils vivent à Belgrade sont les mêmes que ceux de Paris. Il semble qu'il ne faille rien attendre non plus des autres États membres.

Mais alors que veut-on ? Il est clair que l’incohérence est totale. D’un côté, les Roms sont des citoyens européens qui jouissent du droit à la libre circulation, et de l’autre, ce sont des citoyens de seconde zone que personne ne veut sur son territoire. Durant son voyage à Bucarest, le 12 septembre 2012, le ministre français de l'intérieur l’a énoncé crument : « M. Valls a souligné qu'il fallait faire en sorte que les populations Roms restent en Roumanie ». Il a ajouté que la France assumera, de son côté, ses responsabilités, qui sont, selon lui : « évacuation des camps illicites, reconduites à la frontière, forcées ou aidées, mais aussi programme d'intégration, logement et scolarisation quand c'est possible ».

Cette situation sans issue est dramatique pour ces populations : elle les pousse dans une précarité de plus en plus grande et dangereuse. Faut-il aller plus loin dans le raisonnement des autorités européennes et françaises ? Qu’ils restent « chez eux » (mais ils y sont !). Qu’on ne les ait plus sous les yeux (mais ils existent !). Que ce ne soit plus un problème pour nous (mais n'est-ce pas la simple extension du : « pas dans ma commune, qu'ils aillent chez le voisin » ?). S'il en est ainsi, nous assisterons, bientôt, à la fin de l’Europe, à la fin d’une construction politique fondée sur la solidarité.

La tentative déplorable d'obtenir du gouvernement roumain qu'il retienne ses ressortissants Roms moyennant une aide européenne, du reste incertaine, révèle cette volonté de rejet à peine masquée. Pourquoi les crédits que pourrait accorder l'Union européenne, jusqu'alors presque absents ou mal utilisés, viendraient-ils en abondance à présent ?

La France, comme chacun des États membres, est responsable de la situation des Européens vivant sur son sol. Qu'ils soient roumains, bulgares ou autres, qu'ils soient Roms ou pas, qu'ils soient riches, pauvres ou misérables, là n'est pas la question ! S'il en était autrement, c'est que la libre circulation en Europe d'une partie des Européens serait remise en question et déniée. En sommes-nous parvenus là ?

Manuel Valls, encore, à l'occasion de son voyage en Roumanie, le 12 septembre 2012, reprend la phrase de Michel Rocard (« La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part »), en en modifiant l'esprit et en laissant accroire que, d'ores et déjà, le gouvernement de la République assume sa part de la charge que les Roms feraient peser sur l'Europe ! Le propos est adroit mais faux. Prendre sa part de la misère du monde signifie tout autre chose : accepter qu'un certain nombre des Européens non français, des Roms en l'occurrence, aient, en France, une place sur cette terre d'Europe où ils ont droit de circuler librement et où ils vivent depuis sept siècles.

On comprend un peu mieux, à présent, que pour se débarrasser d'une population « à problèmes » dont le mode de vie choque le nôtre, on fasse tout pour faire partir, vers « leur pays », le plus grand nombre possible de ces indésirables que, non seulement, au sens strict, on ne veut plus voir, mais qu'on ne veut pas davantage avoir en charge, dans ces bidonvilles (13) qu'on croyait avoir éradiqués, depuis la fin des années 1970.

Cette volonté de rejet des Roms appelle une réponse qui va plus loin que la simple protestation car elle est non seulement révoltante mais très dangereuse et pour les Roms et pour notre société tout entière.

La cruauté n'est pas le fait de mauvaises gens ; elle est, le plus souvent, le fait de ceux qui croient devoir agir avant de savoir que faire. Nous en sommes avertis depuis des décennies. Alors que se profile la pire des conjonctures sociales, tandis que, déjà, le nouveau pouvoir se retrouve, en France, sans grands pouvoirs pour endiguer les tensions économiques, la tentation de faire diversion est grande pour certains hommes politiques. Il en était déjà ainsi, au cours des années précédentes, mais il y avait convergence, alors, entre les discours et les actes : le discours de Grenoble traçait la feuille de route aux ministres Hortefeux, Guéant et autre Besson. Le scandale est que le discours électoral récent des socialistes n'ait produit au bout de plusieurs mois, pour les Roms, aucun effet positif visible, mais ait abouti, au contraire, à faire perdurer voire empirer ce qu'on avait dénoncé !

A-t-on oublié les conclusions, énoncées il y a à peine trois ans, par l’Agence européenne des droits fondamentaux ? Elles restent inquiétantes pour nous tous : « Le cas des Roms sert de test révélateur : les conséquences que subissent certains des citoyens les plus vulnérables de l’Union européenne sont un précieux indicateur des défis auxquels seront confrontés tous les citoyens ».

Prenons garde : cette histoire n'est pas neuve ! Les « asociaux » ont été poussés par les nazis vers les fours crématoires. Des appels au meurtre se font déjà entendre dans plusieurs pays d'Europe, et y compris dans certaines régions de France. Les Roms ne sont pas les seuls à être menacés, mais, comme depuis des siècles, ils sont parmi les premiers à être attaqués car les plus fragiles. Dosta ! Çà suffit !

Dosta ! Ça suffit ! Trop souvent le gouvernement français, les autorités nationales, les collectivités locales, les communes transgressent leurs devoirs de respect des droits de l’Homme en ce qui concerne les populations Roms résidant sur leurs territoires. Ces politiques doivent immédiatement cesser au nom de la justice, de la liberté et de l’égalité qui doivent prévaloir sur toute autre considération. Un moratoire s'impose afin que des solutions pérennes puissent être dégagées avant toutes mesures d'éloignement !

Dosta ! Ça suffit ! Les autorités nationales européennes et les institutions européennes ont l'obligation de s'opposer aux manquements graves et répétés aux règles imposées par les directives et traités européens, en ce qui concerne le droit des Roms, nos concitoyens, la minorité culturelle la plus nombreuse au sein de l'Union.

Dosta ! Ça suffit ! Les faits et les agissements concernant la population Rom européenne, s'ils restaient tolérés, serviront de base aux tentatives de déconstruction européenne dont on voit déjà les effets, pouvant aboutir à la paupérisation généralisée des populations européennes, et pouvant engendrer de nouveaux conflits entre États.

Les citoyens conscients de ces périls ne doivent pas laisser se développer de telles politiques dont nous aurions tous à souffrir avec, après ou sans les Roms.

Dosta ! Indignons-nous ! Réagissons !

Jean-Pierre Dacheux, docteur en philosophie, co-auteur des Roms de France, Roms en France, le peuple du voyage (Le Passager clandestin, septembre 2010) et Philippe Goossens, membre du bureau de l’Association européenne des droits de l’Homme, auteur des Roms, dignité et accueil (L’Harmattan, avril 2011).

(1) Ça suffit !, en langue romani

(2) Jour anniversaire de la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789, un comble !

(3) En 1964, 43 % des Algériens de France vivaient dans des bidonvilles (89 de la région parisienne); celui de Nanterre abritait 14 000 personnes – autant à lui seul que tous les Rroms étrangers, vivant en France à présent!

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Lara JoVentre
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